• Vous le savez, en ce moment je suis dans ma phase maniaco-philosophico-existentialo-qui-suis-d'où-veins-je-que-fais-je-isque. 

    Et si vous le savez pas, mon médecin, lui, le sait. Depuis hier, à la fin de la consultation, où il m'a naïvement demandé, sans lever les yeux de son ordonnance ni imaginer quelles tornades et questionnements il déclencherait en moi : 

    Lui : - "Vous êtes... ?"

    Moi : " ? "

    Lui : "... ?"

    Oui, je sais, je suis maître dans l'art des dialogues

    Moi : "... à jour dans mes vaccins ?"

    Lui : "... ?"

    Moi : "... réglée ?"

    Lui : "... ?"

    "... Vierge ?"

    "... Gauchère ?"

    "... Contre la peine de mort ?"

    "... D'ici ?"

    "... Une fille ?"

    "... Jeune conductrice ?"

    "... Tatouée ?"

    "... Journaliste ?"

    "... Pas du matin ?"

    "... Hétérosexuelle ?"

    "... Diplômée ?"

    "... Epilée ?"

    Ca aurait pu continuer longtemps comme ça, mais le doc a fini par me tendre une perche. 

    - "Vous êtes... Madame... ?"

    - "Non, pas encore... Mademoiselle" (sourire mi-charmeur mi-mystérieux)

    - "... ?"

    - "... (gourmand va) ... "

    - "Votre nom. J'aurais besoin de votre nom. Vous êtes Mademoiselle... ?"

    - Anseaume. Je suis Mademoiselle Anseaume. Et je vais aller me baigner, ça tape là.

    Kmille, en mode ces-médecins-n'ont-décidément-aucune-fantaisie


    7 commentaires
  • Je voudrais adorer l’été et détester l’hiver ou le contraire. Ne jurer que par le bleu et gerber tout ce qui est blanc, ou réciproquement.

    Mais j’aime aussi l’automne, et aussi le printemps, autant que le vert, presque autant que le blanc.

    Je voudrais avoir des rituels, manger tous les matins la même chose. Que mon mari plus tard il prépare un sucre et demi près de mon bol, ni plus ni moins, parce que "c'est comme ça, quand tout n'y est pas ça me met hors de moi".

    Mais le matin je mange ce qui me vient, et encore, c’est s’il en reste. Et en plus j'ai pas de mari ni de plateau. 

    Je voudrais juste être cataloguée.

    Je ne suis pas vraiment bordélique, pas vraiment maniaque non plus. Quand je serais morte, les gens ne pourront même pas se rappeler, un petit sourire à l’œil, de mes sales manies ou de mon beau bordel. Je ne suis pas vraiment chiante, pas vraiment gentille non plus. Ca dépend avec qui, et à quel moment.

    Je suis intransigeante sur rien, parce que je trouve des excuses à tout. Je ne déteste vraiment personne, mais personne ne me passionne. Au mieux j’adore, mais jamais sans réserve, au pire on m’indiffère.

    Je suis pas vraiment calme, pas vraiment excitée, pas complètement ignarde, pas franchement cultivée.

    Je voudrais rentrer dans un moule mais je déborde de partout. Ou alors je remplis rien, ce qui est peut-être pire que tout. En plus je fais des rimes sans le vouloir, on dirait un poème de cours préparatoire.

    Je voudrais être trop, démesurément, aucunement, invariablement, incontestablement, excessivement, indéniablement et irrémédiablement.

    Je voudrais qu’on m’étiquette, qu’on me résume et surtout qu’on me souvienne.

    Je voudrais être diaboliquement belle ou excessivement triste, systématiquement optimiste ou incroyablement laide, exceptionnellement cynique ou perpétuellement dévouée, horriblement naïve ou follement insouciante.

    Je voudrais être un adverbe en –issima, même si c’est pour être connissima. C’est vous dire si je ne suis pas chiantissima.

    Je voudrais être toute noire ou toute blanche, ou alors une belle grise.

    Je voudrais peser 30 kilos, ou alors 150, être une sale bourgeoise ou une petite pauvresse. Je voudrais être bonne à tout faire, ou alors bonne à rien.

    En fait je préférerais être rien qu’à la fois tout et rien.

     

    Kmille, en mode oui-oui-c'est-encore-une-belle-journée


    18 commentaires
  • Je passe pour une fille physiquement super naturelle, qui assume ses imperfections et ne cherche pas à les camoufler à tout prix. 

    Ce qui serait super cool, en soit, si je ne passais justement pas la moitié de mon temps et de mon salaire à essayer de les cacher. 

    Parce qu'il y a quand même un truc qui est pire que d'être moche au naturel. Pire encore que de devoir passer des heures à se maquiller pour avoir l'air convenable. 

    C'est de passer des heures à se maquiller et d'avoir l'air moche au naturel. 

    J'invente pas, hein, c'est du vécu. 

    D'hier, entre autre, quand je suis rentrée dans une parfumerie à la recherche du fond de teint qui réveillera enfin, cette fois c'est sûr, la bomba qui sommeille bien profondément en moi. 

    Une vendeuse s'est approchée et m'a demandé ce que je voulais. 

    - Etre méga bonne Un fond de teint, je lui ai répondu.

    Elle m'a regardée dans les pores gruik, et moi dans les siens. Inexistants, les siens, bien sûr. Les miens, par contre, elle n'a pas eu trop de mal à les trouver.

    Elle est passée de rayons en rayons, hésitant entre la gamme anti brillance, celle anti comédons, celle anti pores béants et celle anti sale gueule.

    Devant ma mine encore plus déconfite, elle a cru bon d'ajouter : "Ne vous inquiétez pas, une bonne hygiène de peau et un soupçon de maquillage, et c'est de l'histoire ancienne."

    Sous-entendu, quand t'auras fini de te rouler dans la merde en guise de démaquillage et que t'auras compris qu'un mascara ça ne sert pas à déboucher les chiottes, tu seras une autre femme. 

    Elle a trouvé un fond de teint et m'a expliqué comment ça marchait. Au cas où j'aurais cru que l'idée c'était de tremper sa tête dans le pot. 

    Je l'ai laissée me montrer la noisette dans la paume, à réchauffer avec les doigts, l'application sur le visage, par mouvements circulaires, la teinte, pas trop foncée mais surtout pas trop claire. Quand elle a commencé à m'expliquer comment se laver les dents appliquer la poudre, je l'ai coupée, "de l'extérieur vers l'intérieur, en insistant sur les zones bombées du visage". 

    Bah oui, c'est pas comme si j'avais déjà écrit 25 articles là-dessus, et que j'appliquais les préceptes à la lettre depuis 10 ans bientôt. 

    Et là elle s'est stoppée net, a penché et incliné légèrement sa tête vers mes pores moi, a affiché sur son visage salement parfait un sourire salement maternel, et m'a dit tout près, si bien que je pouvais sentir son haleine salement poudrée :"Ouiiiiii c'est çaaaaa c'est biiiiiiiien !..." Avec un ton mêlant encouragement et étonnement. 

    Le même que celui avec lequel on aurait félicité une incontinente qui n'aurait pas mouillé ses draps. Ou une grande accidentée après son premier pas. 

    Ou encore un boudin qui saurait se maquiller. 

    Kmille, en mode connasse-va.


    8 commentaires
  • Etre trompée, ça fait chier. Et pleurer, aussi, parfois. 

    Je vous l'ai déjà dit, j'aime autant les hiérarchies dans la souffrance que les gens qui "auto-like" leurs statuts sur Facebook, c'est à dire, pas du tout. 

    Mais je dois l'admettre, dans le fait d'être trompée, y a des fois où ça fait plus chier et pleurer que d'autres. 

    Par exemple, te faire tromper avec ta meilleure amie, ça fait plus chier que si c'est avec une parfaite inconnue mais moins que si c'est avec ta mère.

    Que ton mec s'envoie en l'air avec une autre dans votre propre lit, ça fait plus chier que si c'est chez lui mais moins que si c'est chez ta soeur qui leur a filé les clés pour l'occasion.

    S'il ne lui a jamais parlé de toi, ça fait plus chier que s'il l'appelle par ton prénom tellement tellement tu lui manques mais moins que si ensemble ils se tapent des barres à imaginer ta tête si tu débarquais. 

    Et ainsi de suite.

    Autant te dire que si ton mec te trompe avec ta mère chez ta soeur qui lui a laissé les clés pour l'occasion et qu'ils se tapent des barres ensemble en imaginant ta tête, t'as plus qu'à te pendre ou à jouer au Loto.

    Et que si c'est avec une parfait inconnue, chez lui, et qu'il l'appelle par ton prénom tellement tu lui manques, t'as de bonnes raisons de fêter ça avec ta mère, ta soeur et ta meilleure amie.

    Sur ce sujet, il y a une question qui me turlupine, c'est de savoir si c'est mieux d'être trompée pour une fille bien sous tout rapport (surtout buccal) ou pour une fille qui n'a rien pour elle sauf ton mec.

    Parce que faut pas se mentir, les beaux attirent les beaux, les moyens beaux les moyens beaux, et les moches les moches et ceux-là on devrait leur interdire de se reproduire. Là tu vas me citer Jane et Serge (pas coup de foudre et match de voley-ball, les autres) et je vais te répondre que je m'y attendais pas du tout bien sur quand je dis "beau", j'entends par là un mélange de beauté, de charme, de charisme, d'intelligence, d'humour et de tout le reste, qui fait que Jude Law n'est pas avec Susan Boyle et que toi t'es seul(e) avec ton mec/ta copine 

    Du coup je me demande : est-ce que c'est moins pire d'envisager ton mec dans les bras d'une bombasse qui comprend Deleuze, mais de savoir qu'a priori tu jouais à peu près dans la même cour qu'elle, ou de l'imaginer faire l'amour devant La Ferme Célébrités avec une nana dont il peine à trouver le pilou-pilou au milieu des bourrelets et qui n'a jamais pu terminer un Marc Levy, et te dire par conséquent que tu ne vaux même pas mieux que ça. 

    Je n'avais jamais eu l'occasion d'y répondre parce qu'à ma connaissance, je n'ai jamais été trompée. Oui madame, c'est ça de se faire larguer avant même d'avoir eu le temps de se faire tromper se faire respecter.

    Jusqu'à ce mail. 

    Reçu par un fidèle lecteur de ce blog, dans lequel il m'avouait tout. Sa tristesse face à mon absence, ses attentes dans l'angoisse d'un petit billet, ses nuits blanches, son désespoir. Et l'irréparable.

    Il était allé voir ailleurs, et y avait pris goût. Il me trompait, depuis plusieurs mois déjà, et c'était avec elle

    Je suis allée jeter un coup d'oeil, et j'ai eu la réponse à ma question : se faire tromper pour une nana qui a autant de talent, c'est encore meilleur que de ne pas se faire tromper du tout. 

    Kmille, en mode pas-rancunière


    13 commentaires
  • Il était une fois un portier de crèche, qui voulait se taper la terre entière.

    Moi compris.

    Moi inclus je veux dire. Parce que justement, moi pas compris du tout quelles étaient ses intentions.

    Alors moi gentille, polie, bien élevée, souriante, comme on m’avait toujours appris à être, et bon public. Parce qu’il vaut mieux l’être, bon public, pour rire aux blagues à Rémi (oui, « à Rémi », tu as bien lu, c’est pour te mettre dans l’ambiance). Enfin, aux blagues… A LA blague. Celle qu’il a dû lire, un jour, dans Mickey Magazine, et qu’il a tellement kiffé qu’ill a eu hâte, pour la sortir, d’être au lendemain matin. Et à tous les autres lendemains de sa vie.

    « A deux-pieds ». Voilà la blague. En réponse au « A demain », poliment adressé en franchissant la porte. Je vous avais prévenu, c’est tordant.

    Surtout quand c’est tous les soirs. Sauf le vendredi, Dieu soit loué.

    Au début,, je me contentais de rire. Enfin de sourire quoi, je vous mentirais si je vous disais que je manquais de me faire pipi dessus.

    Et puis un soir, entre Rémi et moi, tout a dérapé.

    Au lieu de lui dire « A demain », je suis parti en lui lançant « A 2 pieds hein ! ». Si ça vous fait pas rire plus que ça, c’est que vous avez pas le même humour que Rémi (et que rien que pour ça, je vous aime).

    Parce que là, au Rémi, je vous dis pas l'effet que ça lui a fait. A peu près la même chose que si je m’étais léché le doigt et que je me l’étais passé sur le téton en le regardant droit dans les yeux avec un râle de plaisir. Aussitôt, il a eu une érection un sourire mi comblé mi salace.

    Le lendemain, il s’était fait beau. Enfin il avait essayé quoi. Il avait mis du parfum, ou fait une bataille de déodorant à chiotte avec un pote, je sais pas.

    Quand je suis arrivée, il a murmuré dans un rictus sourire : « Ah voilà ma petite chérie d’amour ». Le lendemain, j’étais son « ti cœur », et les jours d’après c’était l’un ou l’autre.

    Au bout d’une semaine, il est passé au contact physique : une main (sur l’épaule hein, faut pas déconner), puis deux bras, puis un bisou sur les joues. Puis deux, puis trois.

    Avant, il avait pris soin de m’impressionner, en valorisant sa vie professionnelle :

    - « Je fais pas qu’ouvrir et fermer les portes de la crèche hein faut pas croire »

    - « Ah ouf parce que je me disais aussi c’est quand même bien un travail de daube »

    - « Je travaille à l’école primaire aussi »

    - « Ah super (ton enthousiasme) et vous faites quoi ? »

    - « Bah j’ouvre et je ferme les portes quoi ».

    - « … » 

    Un jour, alors que j’avais oublié d’enlever les sur-chaussures que tu enfiles pour entrer dans la crèche mais que tu dois penser à retirer à moins de passer pour un con dans tout le quartier, il m’a aidé à les retirer, et m’a glissé à l’oreille : « Je lui retirerai bien autre chose aussi… » (Oui, Rémi me parle à la 3ème personne du singulier)

    Ca c’était avant qu’il me crie, du haut de la rue, alors que je rentrais, mon innocente fille sous le bras : « Il fait rien froid dis ! On se retrouve sous la couette ! »

    Puis un jour, en en parlant à mon père qui m'a rassuré en me disant que le Rémi il devait juste s'offrir des plaisirs solitaires en pensant à moi, je me suis rendu compte que c’était pas bien normal d’avoir une boule d’angoisse dans le ventre à chaque fois que j’arrivais à la crèche, à l’idée de ses regards, ses remarques et ses léchouilles.

    Alors le lendemain, je lui ai dit que je n’étais pas très bisoux.

    Le surlendemain, il faisait la gueule. Malheureusement Rémi n’est pas très rancunier.

    Et hier, je suis passée à l’étape suivante : « Camille, c’est mieux que mon ti cœur, quand même ».

    J’aurais peut-être juste pas dû le dire avec un sourire.

    Quand je suis repartie, regonflée par ma nouvelle audace, il m’a dit « Je suis rien content qu’elle m’ait donné son prénom ».

    Et bah on est pas dans la merde.

    Kmille, en mode tiens-ça-t’apprendra-à-être-polie 


    14 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires