• La dernière fois que je suis allée au cinéma c'était pour voir le Roi Lion. Depuis ce jour, il m'est presque impossible de croiser un chat sans le soulever en l'air en criant "C'est l'histooooooire de la viiie", mais surtout, je crois que j'ai laissé passer pas mal de grands films. Je compte bien me rattraper, d'ailleurs ça fait un moment que j'ai prévu d'aller voir Titanic, j'espère que c'est encore en salles, il parait que c'est pas mal foutu.

    Niveau culture cinématographique donc, je suis pas exactement à la page. Mais ça ne m'empêche pas d'aimer ça.

    A une exception près pour les films, séries ou feuilletons contenant la phrase : "ce n'est pas du tout ce que tu crois".

    Par exemple, Deborah rentre chez elle en sifflotant et en souriant parce qu'elle est heureuse.

    Déjà, si t'es un peu aguerri cinématographiquement parlant, tu sais qu'il va se passer quelque chose de moche. Parce que dans la vraie vie, tu n'es pas heureuse quand tu t'appelles Déborah.

    Deborah rentre sa clé dans la serrure, est un peu étonnée de constater que la porte est déjà ouverte, mais quand même moins que de constater que derrière la porte, il y a son mari nu en plein coït.

    Et que derrière son mari nu, il y a son frère (à Déborah, pas au mari, faut quand même que ça reste crédible), qui est en train de l'enculer.

    Déborah regarde la scène, et avec sa tête elle fait "non non" en laissant sa bouche un peu entrouverte pour marquer la surprise, c'est vrai quoi, elle était sure que son mari était au travail et elle pensait pas que son frère était homo, ça fait beaucoup pour elle en une seule journée.

    Tout ça se passe très vite, hein, et entre temps le mari et il frère se sont arrêtés, quand même, parce qu'ils avaient beau passer un chouette moment, cette visite impromptue ça les met pas bien à l'aise.

    D'ailleurs ils cherchent tous les deux un truc à dire pour détendre un peu l'ambiance, et sans doute qu'ils hésitent entre "Reste pas là tu vas attraper froid' ou "Bah alors tu dis pas bonjour à ton frérot ?". Au lieu de ça, ils restent muets quelques instants.

    Et c'est le mari qui finit par rompre le silence, en prononçant d'une voix molle : "Deb, c'est pas du tout ce que tu crois."

    A ce stade, en général, Deb se retourne et s'en va en courant, suivie de près par son mari qui se fait rapidement distancer, je voudrais vous y voir, vous, courir avec un pantalon aux chevilles.

    En même temps, pour sa défense, t'imagines bien qu'elle ne va pas le regarder, puis passer sa main sur son front dans un geste de soulagement avant de poser son manteau en disant d'une voix rieuse : "Aaaaah ouf j'ai eu si peur, j'ai cru que t'étais en train de te faire enculer par mon frère."

    Déborah, toute bornée qu'elle est, ne lui laisse pas le bénéfice du doute, ni l'occasion de donner sa version des faits.

    Et d'expliquer, par exemple, que son beau-frère était venu lui rendre une visite amicale, qu'au moment de partir ce dernier lui avait demandé où étaient ses clés de voiture. Qu'il avait alors commis l'erreur de répondre "Dans mon cul" sur le ton de la plaisanterie, et que le beau-frère, manquant de second degré, était juste présentement en quête de son trousseau.

    Amis scénaristes qui me lisez, il y a un moment où il faut arrêter de prendre les gens pour des cons, même Déborah. Et accepter que la vérité soit la seule possibilité. Et qu'il est parfois plus salvateur d'avouer : 

    "Mon amour, je ne peux malheureusement pas nier le fait que je suis actuellement en train de me faire sodomiser par ton frère. Mais je te propose que nous en reparlions calmement quand tu auras repris tes esprits, que j'aurai remis mon caleçon et que ton frère aura pris congés."

    Ou, en version plus courte :

    "Putain ça craint. Fais chier."


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  • J'ai beau tenter d'éviter les clichés comme les H&M en période de dèche, je finis quand même souvent par tomber en plein dedans.

    Et si tu en doutes, tu n'as qu'à relire ma première phrase.

    Par exemple, l'autre jour, je me faisais la réflexion qu'hommes et femmes, on était vraiment différents.

    Commence pas à te moquer, c'est pas comme si je t'avais pas prévenu. Et accroche-toi, ce n'est qu'un début.

    Devant la télé, par exemple, on est définitivement pas pareils.

    Et pas seulement parce que ton mec est en train de se gratter les couilles avec la télécommande pendant que tu mets à jour ton blog de scrapbooking.

    L'autre grosse différence, c'est ce qu'il se passe dans nos têtes à chacun alors qu'on regarde la même émission. Ca doit être ça qu'on appelle la fracture numérique.

    Mais là où le décalage est le plus grand, c'est entre ce qu'il se passe dans la tête de ton mec, et ce que tu crois qu'il s'y passe.

    A côté de ça, les écarts de comptage de manifestants entre police et syndicats (même marseillais), c'est du chipotage.

    Devant D&CO, tiens. Pour peu que tu sois dans un trip un peu romantique ou en pleine période d'ovulation, assez rapidement, ça va t'apparaître comme une évidence.

    Il va vous imaginer, tous les deux, faire des travaux dans l'appart que vous pourriez prendre ensemble. Il va vous visualiser en train de faire une bataille de peinture, dans des cris de joie et des éclaboussures de toutes les couleurs. Il va se dire "qu'est-ce qu'on serait bien, tous les deux, dans une maison comme celle-là." Il va se dire que c'est ça, la vie qu'il veut, et qu'il ne sait plus comment il a fait pour tenir aussi longtemps sans le réaliser. Ca va être un déclic, quoi. Et quand vous en reparlerez, au mariage de votre troisième enfant, il t'avouera : "Je sais pas si tu te rappelles, mais un jour on regardait une émission de déco ensemble. Tu ne l'as jamais su, Ô amour de ma vie, mais ce jour-là, j'ai compris : que c'était toi, et personne d'autre, que le quotidien avec toi c'est ce qui manquait à mon bonheur. Ce soir-là, ça a été une évidence : tous mes matins et tous mes soirs, je voulais que tu sois là pour les partager avec moi."

    Du coup, il règne un silence presque gêné, et t'hésites à prendre les devants pour lui dire qu'il y a pas le feu finalement, et que vous avez tout le temps.

    Puis la pub arrive, et redoutant ce face à face à la charge intime si puissante, il se lève et part s'isoler quelques secondes, le temps que se dissipe ce trouble que tu sais visible sans même le regarder.

    Tu ne lui demandes pas où il va, tu sais que cette révélation l'a un peu ébranlé, tout de même, et tu entends bien lui laisser le temps de reprendre ces esprits.

    Après tout, vous aurez toute la vie pour en parler.

    Puis en fait t'as raison, de pas lui en parler tout de suite.

    Parce qu'en fait, il a juste profité de la pub pour aller pisser.

    Et le seul déclic qu'il a eu, c'est que le carrelage en mosaïque imperméable et adhésif, c'est quand même un sacré progrès.

    Remarque, si toi aussi t'as trouvé, ça vous fait au moins un point commun.


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  • Je veux dire mis à part le fait que je n'ai pas de revenus fixes, que je cotise pour le chômage mais que j'y ai pas le droit, que je doive faire des pieds et des mains (mais jamais de la bouche, c'est un principe) pour être payée, et que je doive retourner ciel et terre pour avoir un pauvre papelard administratif quand toi tu le retrouves sur ton bureau avant même d'avoir eu le temps de le demander, pré-rempli pour que t'y passes moins de temps et accompagné d'une boîte de macarons pour t'occuper en le signant.

    Tenez par exemple, l'autre jour : un des magazines pour lequel je travaille me commande un dossier : Le porno pour les femmes.

    Car sache ma petite qu'il en est du sexe comme de tout le reste. C'est la tendance qui décide, la mode qui impose, et alors qu'hier t'étais has-been si t'avais pas de sextoy, aujourd'hui que t'en as plein les étagères (et ailleurs), t'es complètement ringard du pubis si tu ne regardes pas de porno.

    Mais, et c'est là que ça se complique et qu'intervient mon rôle d'enquêtrice de l'extrême, pas n'importe quel porno. Du porno pour femmes.

    Là je te vois dubitatif.

    Je l'ai été, aussi, je te rassure.

    Et comme toi, je me suis demandée ce que pouvait être un porno pour femmes.

    Et ça tombe bien, parce que c'était ce en quoi consistait mon travail.

    Comme à chaque fois que je me vois confier un dossier brûlant, j'ai commencé par une phase de réflexion introspective analytique spéculative chimiquement synchronisée.

    J'ai réfléchi en fumant une clope, quoi.

    Et j'en ai déduit que "du porno pour femme", il y avait pas 36 solutions. C'était soit une scène de dîner romantique avec demande en mariage au dessert. Soit un homme qui repasse à poil. Soit des femmes qui prennent leur pied avec leur épilateur électrique dans un dressing sur mesure.

    Bien que déjà un peu émoustillée, j'ai quand même pris le temps de m'emparer de mon téléphone.

    Et pas du tout pour ce que vous croyez.

    Non en fait, j'ai juste appelé une experte en films X, pour lui demander une interview. J'ai laissé un message, et je suis allée en terrasse où, c'est bien connu, la réflexion introspective analytique spéculative chimiquement synchronisée est la plus efficace.

    C'est une fois que je suis parvenue à me glisser entre deux badauds attablés que ladite experte s'est décidée à me rappeler.

    J'aurais dû m'en douter, quand il s'agit de se glisser entre deux personnes, l'experte en X n'est jamais loin.

    Alertée dans mon mail par le thème du dossier, je n'ai pas eu besoin de la titiller longtemps pour que la conversation prenne le tournant prévu. Au bout de 4 secondes elle me parlait d'érection, au bout de 10 d'éjaculation faciale et au bout de 27 de choses que je ne tairai pour éviter d'attirer en ce sacro-saint blog des gros dégueulasses from Google.

    Et moi pendant ce temps-là je tournais la manivelle j'enfonçais mon portable profondément dans mon oreille (désolée pour la fausse joie) afin d'éviter que ces sons ne parviennent à celles de mes voisins de table.

    Puis il a bien fallu un moment que j'ouvre la bouche, parce que c'est quand même le principe du porno de l'interview.

    Et que je rebondisse sur ce qu'elle venait de dire.

    Sans employer les mots qu'elle venait d'employer.

    Et bah je peux vous dire que de faire comprendre "fellation" sans dire "sexe", "sucer", "préliminaire" ni "Zahia D", c'est du Taboo niveau expert +. D'autant plus que vous l'aurez compris j'avais pas le droit aux gestes.

    Quand à bout de vocabulaire je devais me résigner à dire le mot interdit, l'autre méthode consistait alors à le prononcer très vite et tout bas. "Mais vous croyez que les femmes dans les films aiment aussi regarder des éjtions fciales ?

    Du coup on a réussi à tenir une petite demie heure en parlant porno, fantasmes, et élections locales.

    Faut croire que ma méthode est pas encore tout à fait au point.

     


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  • A l'heure où je vous écris, je suis encore un peu sous le coup de la surprise.

    Rapport au tirage du Jackpot de 100 millions d'euros de vendredi.

    Preuve que la vie nous réserve parfois des surprises de taille.

    Au fur et à mesure que les boules arrivaient, je me suis frotté les yeux, je me suis pincée pour être sure que je ne rêvais pas, puis j'ai dû me rendre à l'évidence.

    J'ai encore un peu de mal à réaliser, mais je crois qu'il est temps pour moi de le formuler.

    Je n'ai pas gagné.

    Fais chier. J'étais vraiment sure que j'allais gagner.

    C'est pas de bol quand même, j'avais une chance sur deux. Soit je gagnais, soit je gagnais pas.

    Et j'avais toutes les chances d'y parvenir, puisque parmi les dons accordés par ma marraine Catherine penchée sur mon berceau il y a 27 ans (et 4 jours, si vous voulez tout savoir), je suis persuadée que je possède, aux côtés de celui de parler à l'envers (merci Catherine, très utile), celui d'entrer en communion avec les chiffres.

    Je dois avouer qu'il ne se manifeste qu'en de rares cas. Pas dans celui de calculer quel âge j'aurais dans 4 ans ou combien ça va me coûter d'acheter 4 paquets de couches si elles sont à 9 euros l'un, non, ça serait trop simple. En fait, cette communion extra-sensorielle avec les chiffres ne se manifeste qu'en un cas.

    Celui où je regarde les boules tomber pendant les tirages du loto auxquels je n'ai pas joué.

    Oui je sais, c'est restreint.

    Mais c'est mieux que rien, puis elle m'avait déjà pas mal gâtée, fallait en laisser un peu aux autres.

    Ma méthode est donc simple. Au moment où les boules tournicotent dans le tambour, il me suffit de plisser légèrement les yeux, et de m'imaginer boule. Je suis une boule, je tournicote allègrement aux côtés de mes copains boules, le mouvement s'accélère, puis ralentit. On se frôle, on se bouscule on ne se réveille pas comme d'habitude, de moins en moins fort, puis je suis alors irrémédiablement attirée vers le fond. Je me sens lourde, je suis appelée à descendre dans la trompe sous l'oeil jaloux de mes copains boules.

    A ce stade, je sais que je suis l'élue. Et j'ai plus qu'à regarder sur mon ventre de boule quel numéro je suis.

    Vous voyez, c'est enfantin.

    Et ainsi de suite, pour les 5 boules.

    Bon il se trouve que souvent, les boules me jouent des tours. Par exemple, je mettrai mes deux mains à couper que c'est le numéro 23 qui va sortir. Je le sais, je le sens, je le suis, boule 23, je suis lourde, je vais sortir.

    Puis là, c'est le 11 qui sort.

    Mais une fois passée la surprise, je vous assure que je sais que j'aurais pu deviner que c'était le 11 qui allait sortir. 

    Systématiquement donc, après le tirage, que je me dis que oui, bien sur, 1, 7, 11, 32, 46, si j'avais joué c'est ça que j'aurais joué, c'est eux que j'aurais choisi, je le savais, je le sentais, putain mais pourquoi j'ai pas joué.

    Donc hier, j'ai joué. Je suis allée acheter mon ticket en sifflotant, l'air le plus détaché du monde, parce que je suis sure que tous les gagnants ne s'attendaient pas à gagner, et qu'ils ont acheté leur billet en sifflotant.

    Puis je suis remontée chez moi remplir la grille. J'ai plissé les yeux, je suis entrée en communion avec le royaume des chiffres, et j'ai senti ma main guidée par une puissance divine.

    J'ai coché, recoché et rerecoché, en vociférant d'une voix rauque, comme possédée, quelques formules vaudou du type "Oui le 7 je le sens que c'est le 7 la preuve il met le dos bien droit, et le 18 là, qui me provoque en ressortant sa boucle, viens-là mon petit, 11 je te vois bien là, t'essayes de passer inaperçu en te tenant tout raide, 46 c'est pas parce que t'es le dernier que je te cocherais pas, je fais partie de ces cons gens qui croient toujours que le dernier numéro ou le premier ne tomberont pas".

    Puis je suis allée rendre ma grille.

    Et acheté une bouteille de champagne, pour fêter ça.

    C'est quand même pas tous les jours qu'on est à la veille de notre premier jour de millionnaire.

    J'ai passé une soirée comme les autres, parce que je sais rester simple moi, monsieur.

    J'ai reçu mes amis comme si de rien n'était, à une bouteille de champagne près, et continué à dire à ma fille qu'on ne tapait pas sa maman, preuve qu'on peut-être millionnaire et avoir des principes.

    Mes amis partis, j'ai fait durer le plaisir avant de vérifier le montant précis de mon gain, comme on retarde le moment d'ouvrir ses cadeaux ou de lire un texto tant attendu.

    J'ai savouré mes derniers instants de pauvre, en me disant que je repenserai souvent avec émotion à ces quelques minutes, précédant le moment où tout a basculé

    Dans la rubrique "Combien avez-vous gagné'", j'ai renseigné mes numéros.

    La suite, vous la connaissez.

    Je ne m'attarderai pas sur mon état d'esprit. A défaut d'être riche, je veux au moins rester digne.

    Pour m'occuper, maintenant que j'avais plus mes bagages à préparer pour partir aux Seychelles, j'ai re rempli la grille, cette fois avec les bons numéros, sauf un.

    Ca a donné ça :

    Image_3


    J'ai posté la nouvelle sur Facebook. Et dans les 12 heures qui ont suivies, ça a donné ça.

    - 7 demandes en mariage

    - 12 demandes de Pacs

    - 36 demandes de "prendre un verre, comme ça, à l'occaz"

    - 73 demandes de "se revoir quand même un de ces 4, après toutes ces années"

    J'ai perdu 22 euros et l'estime que j'avais pour mon entourage, mais j'ai gagné une décennie au moins pour faire le tri dans mes amis.

    Et puisque le temps c'est de l'argent, l'un dans l'autre, je crois que je m'y retrouve.

    Merci l'Euromillions.


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