• Hier, mon voisin a fait une teuf, le petit bâtard.

    A laquelle il ne m'a pas invitée, le gros bâtard.

    Mais finalement, c'est un peu comme si j'y étais.

    Rapport à l'épaisseur des murs de mon charmant mais néanmoins social logement.

    En petit before, je me suis fait un plateau télé.

    Puis vers 23h, j'ai rejoint les (bruits des) autres, en gagnant la partie arrière de mes appartements. 

    J'ai nommé ma salle de bains et ma chambre, situées respectivement à 10 cm de l'endroit où mon voisin avait posé sa chaîne, et à 7 de celui où il avait posé ses amis. 

    J'ai eu un peu de mal à me mettre dans l'ambiance. Faut dire que mater un reportage sur Xynthia ça te donne plus envie d'en finir avec la vie (mais pas noyée) que de te trémousser sous une boule à paillettes. En même temps avec un prénom comme ça fallait pas s'attendre à autre chose. Ils l'auraient appelée Quitterie ou Domitille ça se serait mieux terminé cette histoire.

    Mais rapidement la musique a eu raison de moi, et je mets à ce propos n'importe qui au défi de se démaquiller sur The Dancing Vamps, de se brosser les dents sur Shakira et de se laver les oreilles sur Goran Bregovic en restant digne.

    Quelques minutes plus tard et après avoir gentiment décliné mon invitation de danser avec moi-même, j'ai rejoint ma chambre avec du dentifrice dans les yeux, de la lotion tonique sur les dents et un coton-tige dans le nez .(Une chance que j'ai pas eu besoin de changer de tampax). 

    En me glissant dans mon lit, j'ai craint le pire. Faut dire qu'en tendant l'oreille je pouvais entendre leurs conversations, et le bruit de leur déglutition en la collant au mur.

    Mon oreille je l'ai tendue, dans l'espoir de recueillir une bride de phrase comme, à tout hasard, "trop bonne ta voisine", "trop chance d'avoir cette voisine" ou "trop bonne ta voisine trop de chance d'avoir cette voisine".

    Il n'en a rien été, rapport peut-être au fait qu'ils m'avaient pas vues ou à celui qu'en sonnant par erreur à ma porte je les avais accueillis le cheveu gras et la pantoufle molle par un élégant "Ca va-t-y toi la tarlouze !" croyant y trouver quelqu'un d'autre. 

    Et là, alors que je les maudissais d'avance, dans la fraîcheur de ma couette et le brouhaha de leurs discussions avinées, je me suis surprise à me sentir étrangement bien.

    D'autant plus surprise qu'à ce sentiment de bien-être se mélait une sensation de déjà-vu.

    J'en ai conclu, forte de mes inspirations métaphysiques typiques de la période précédant juste le sommeil, que là était ma vraie place, celle que j'aurais dû occuper depuis toujours.

    Que si je me sentais si bien ici, c'est que c'était précisément ce à quoi j'aspirais : être tapie dans l'ombre, profitant juste des stimuli extérieurs sans rien avoir à donner, enfermée dans ma carapace écoutant les autres se décarcasser à s'amuser, vas-y je plaque tout et je pars vivre recluse loin du monde, ou pire, je supprime mon profil Facebook.

    Puis peu à peu, cette sensation de déjà-vu s'est précisée, et les souvenirs se sont succédés. 

    Et puis bientôt, il n'y a plus eu de doutes.

    Ce que ça me rappelait en réalité, c'était les soirées où je finissais sur-alcoolisée et agonisante dans une chambre pendant que la fête battait son plein à côté.

    Et si hier je kiffais autant, c'est que je savais que je ratais rien puisque j'étais pas invitée.

    Comme quoi le bonheur, c'est simple comme s'endormir seule et pas bourrée près d'une fête à laquelle on est pas invitée.


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  • Dire que la St Valentin, ça pue et c'est pathétique.

    Et aller acheter de quoi la fêter. 

    Se dire qu'il détestera, parce qu'il est rebelle, et un poil anarchiste. 

    Alors poser négligemment le butin Picard dans un placard, façon "c'est tout ce que j'ai trouvé"

    Se maquiller. 

    Se démaquiller, parce que c'est pas assez naturel. 

    Se remaquiller, parce que ça l'est trop. 

    Sépiler les jambes. 

    Côté droit.

    Puis côté gauche.

    S'épiler plus haut. 

    Côté droit. Ticket de métro. 

    Regretter, parce que c'est trop. 

    S'épiler, côté droit. Parce que symétrique, c'est mieux.

    Se rappeler que la St Valentin, ça pue et c'est pathétique

    Et qu'il déteste ça.

    Se parfumer. 

    Un peu. 

    De loin. 

    Comme si c'était fait depuis des heures, et que la journée avait emporté avec elle la moitié des effluves.

    Mettre des chaussures avec des grands talons. 

    Les retirer, beaucoup trop endimanchées. 

    Les remettre, classes, quand même. 

    Se décider pour une seule, histoire de couper la poire en deux. 

    La retirer, parce que c'est casse gueule.

    Se convaincre que la St Valentin, ça pue et c'est pathétique.

    Parce qu'il détestera.

    Mais allumer une bougie. 

    Puis une deuxième. 

    Eteindre la lumière. 

    Eteindre la bougie. 

    Rallumer la lumière. 

    Et la bougie.

    L'entendre arriver

    Se sentir con, maquillée, pieds nus, avec la lumière blafarde et la bougie timide. 

    Lui dire qu'il fait faim, et qu'on peut bouffer une pizza ou des trucs Picard, je crois qu'il y en a, là, dans le placard. 

    Le voir partir et se dire que la St Valentin, ça pue et c'est pathétique. 

    Se plonger dans un magazine, tiens Télé 7 jours.

    Attendre.

    Entendre un bruit de verres, et voir arriver deux coupes, et une bouteille de champagne.

    Se dire qu'il a quelque chose à fêter, un nouveau taf, un site enfin en ligne ?

    Lever les yeux, et le voir tendre de ses gros bras de rebelle un énorme bouquet de fleurs avec un coeur rose à paillettes planté dedans.

    Se dire que la St Valentin ça pue peut-être, mais qu'un rebelle qui offre des fleurs le 14 février, ça n'a rien de pathétique.


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  • - Ah. Bizarre. Bah on y va alors.

    La punition

    - Non en fait on y va pas.

    - Bah pourquoi ?

    - Parce que c'est vous, en fait, le coup des clés. Et vous savez ce que je leur fais, moi, aux enfants qui s'amusent à cacher les clés dans le bac à légumes du frigidaire ?

    - Bah comment tu sais qu'elles étaient dans le bac à légumes ?

    - Et merde.

    Le coup de la panne

    J'ai même simulé un grave problème technique empêchant toute possibilité de démarrer l'engin, avec la certitude qu'à leur âge ils y connaissaient rien en mécanique.

    C'était bien mal les connaître, il a pas fallu 10 secondes à l'aînée pour me suggérer de mettre la clé de contact.

    Un moment, il a donc bien fallu y aller.

    J'ai alors espéré ne pas trouver de place, pour ne pas avoir à me garer.

    Manque de bol j'en ai eu une tout de suite, ce qui m'a laissé, rapport au fait que j'avais prévu un peu de rab, une bonne heure et demie pour me remettre de mes émotions.

    Puis finalement, une fois sur place, mon voeu s'est exaucé.

    Il y avait juste un petit problème de timing, mais on a bien réussi à perdre les clés.

    L'accrobranche, ça se fera dans le jardin.

    Et qu'ils aillent pas me dire que sans arbre c'est pas marrant.


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  • J'avais souvent entendu des parents se plaindre du fait que leur enfant était dans la "période du non".

    Pendant longtemps, j'ai cru à une légende. Un peu comme celle qui voulait que tu oublies instantanément ta cicatrice intime et la promesse que tu venais de te faire que plus rien ni personne ne passera par là dans un sens ni dans un autre, au moment où on te posait pour la première fois ton bébé dans les bras.

    Et puis récemment, j'ai dû admettre que c'en était pas une. Pour la période du non, hein, pour le reste je ne me prononcerai pas, histoire qu'on ait encore un peu de monde pour nous payer nos retraites.

    Il y a quelques semaines, ma fille était en plein dedans.

    Mais j'ai pas trouvé ça si compliqué, finalement.

    Ca peut même être assez arrangeant en fait, si tu poses les bonnes questions.

    Par exemple, au moment de la sieste, tu oublies les "On va au dodo mon amour ?" et tu trouves d'autres alternatives :

    -" Avant d'aller dormir, tu veux aller au parc avec Maman et qu'après elle joue à la pâte à modeler avec toi pendant deux heures ?"

    - "NON"

    - "Même pas une heure ?"

    - "NON"

    - "Même pas une petite histoire ?"

    - "NON"

    - "D'accord mon amour, Maman se met un point d'honneur à te proposer des moments de complicité mais tiens à respecter tes refus, et s'en va donc te mettre dans ton lit, à moins que tu y vois un inconvénient ?"

    -"NON"

    Voilà, c'est pas plus compliqué que ça.

    Avec un peu d'imagination et d'entraînement, tu peux même varier le domaine de tes questions, à condition, au moment de les formuler, de te rappeler qu'elle en revanche ne varie pas beaucoup le domaine de ses réponses.

    Je peux ainsi vous assurer, rapport au fait que la vérité sort de la bouche des enfants, que NON ça n'a rien d'une folie d'acheter une 7ème paire de bottes, que NON il n'y a aucune raison que je n'écrive pas un un jour un Goncourt et que NON Nathalie Portman ne m'arrive pas à la cheville, même le matin au saut du lit,

    Non je vous le dis, sincèrement, "la période du non" c'est du pain béni.

    Puis un jour, tout bascule.

    Tu es au square (Sur ce coup-là tu as du te planter dans ta formulation de question). Pendant que tu réfléchis à ce que tu pourrais bien raconter sur ton blog, ta fille s'adonne à sa deuxième passion après mettre les doigts dans les prises : coller des mandales à ses petits camarades de jeux, avec une préférence pour ceux en situation de faiblesse : roux, perdus, tétanisés en haut d'un toboggan, voire les trois à la fois, pour les moins chanceux.

    Au bout d'un moment, devant les regards accusateurs des parents et les bouts de cervelle éparpillées des enfants, tu décides d'intervenir; et tu comptes bien en profiter pour montrer à cette assemblée accusatrice la puissance et l'efficacité de ta force tranquille. 

    Tous les regards sont tournés vers toi et les oreilles aux aguets, alors tu lances, sure de la réponse, d'une voix claire et assurée : 

    - "Dis donc, tu veux que maman se fâche ?"

    - "OUI"

    - ...

    Regards appuyés, suspens haletant, nouvelle tentative

    - "Tu veux VRAIMENT que maman se fâche ?"

    - "OUI"

    - "Tu veux VRAIMENT VRAIMENT que maman se fâche ?"

    - "OUI"

    Bon à ce stade, t'hésites à continuer à ajouter un "vraiment" jusqu'à ce que la nuit tombe et que ton auditoire se lasse et se casse, ou à rajouter discrètement un "pas" quelque part dans la phrase pour retomber sur tes pattes et sauver ton honneur.

    Au lieu de ça, tu tentes le tout pour le tout, et passes à la menace supérieure, celle qui pourra peut-être lui arracher le "Non" qui te manque déjà tant. Discrètement, tu fronces le nez et aiguises tes canines, tu t'arranges pour qu'un léger filet de bave glisse de ta lèvre, et pour avoir le regard méchant tu penses à quelqu'un que t'aimes vraiment pas (tiens cette blogueuse par exemple). Tu t'es approchée d'elle et mise à son niveau, comme Super Nanny te l'a conseillé de son vivant, alors tu la regardes dans le fond des yeux et tu lui lances : 

    - "A moins que tu veuilles que maman te donne une claque ?"

    Tu insistes sur le "cl" en faisant claquer ta langue sur ton palais, et sur les "que" en expirant fortement. 

    - "OUI"

    A ce stade évidemment ça en mériterait une. Mais c'est trop tard, tu t'es déjà noyée dans le bleu de ses yeux et tu préférerais qu'on t'ampute d'un bras plutôt qu'elle ait mal sur un cm2 de sa joue.

    Dans un dernier effort, tu lui demandes alors : 

    - "Mais maman elle est vraiment plus belle que Nathalie Portman ?"

    - "OUI"

    Tu oublies alors tes principes, ton honneur, les regards, les bouts de cervelle et l'adresse du square, et tu repars, ta main dans la sienne, fière de toi, mais quand même moins que d'Elle.


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